16/06/2008

Bombay le torse, Bombay

Il faut savoir se méfier des apparences. Notre monde est un monde complexe et ils sont nombreux ceux qui, chaque jour, jugeant à l'emporte-pièce, ne rendent pas suffisamment hommage aux artistes valeureux qui peuplent nos contrées. On néglige sûrement bien trop les codes classiques qui régissent toute création artistique. Que ceux d'entre vous qui ont entendu parler du Nâtya-Shâstra lèvent le doigt, par exemple. Que les mythomanes le baissent, maintenant.
Le Nâtya-Shâstra est un écrit indien datant de plusieurs siècles avant notre ère et qui expose les codifications pour le théâtre, le jeu dramatique, la poésie, la danse, le chant et la musique. On y décrit, par exemple, soixante-dix sept positionnements différents des mains ou trente-six mouvements d'yeux. Et nous qui croyions, bêtement, que ces danseuses en saris gigotaient aléatoirement et roulaient des yeux pour attirer de potentiels et richissimes maris, nous voici bien surpris d'apprendre qu'elles ne faisaient en fait qu'obéir à de sages, stricts et antiques diktats. Et nous mesurons à quel point les choses qui nous semblent parfois simplettes ne le sont que parce que nous ne possédons pas les clefs pour les comprendre et à quel point la simplicité du réel réside plus souvent dans l'oeil qui le regarde que dans le réel lui-même.

La critique est aisée, l'art est difficile. Surtout la position 43.

Aussi, à partir d'aujourd'hui, sachant cela, nous devrions jurer ne plus jamais juger un artiste trop hâtivement. Si notre oeil n'est pas capable de lire le raffinement du monde, éduquons notre oeil. La prochaine fois, par exemple, que nous visionnerons un concert du groupe Oasis, nous garderons à l'esprit qu'il peut exister un tas de façons différentes de croiser ses mains dans le dos, moult manières de lever les yeux au ciel, qu'il y a certainement plusieurs sortes de dandinements simiesques possibles ou que seul un manque d'imagination peut limiter la quantité de mimiques permettant d'exprimer une stupide arrogance.
Enfin, l'heure de la réhabilitation sonnera pour les frères Gallagher. Leur art consommé du jeu de scène pop, tout en détails raffinés et expressions nuancées des plus complexes sentiments humains sera apprécié à sa juste valeur.
Qui aurait cru que les frères Gallagher, sous des dehors frustres, cachaient en vérité des artistes soucieux de perpétuer une bien belle tradition, aussi exotique soit-elle !



Johnossi - Man Must Dance

10/06/2008

Le Fromage Du Gastronome En Culotte Courte

Alors qu'il était encore enfant, le dénommé Johannes Chrysostomus Wolfgang Theophilus entreprit avec son père une tournée de représentations et d'étude au cours de laquelle il éblouit les cours européennes de son incroyable talent de concertiste prodige. En Italie, notamment, où il voyagea très tôt, dès l'âge de douze ans, Johannes Chrysostomus Wolfgang Theophilus se bâtit une belle réputation... mais pas forcément pour les raisons que l'on croit...
A cette époque, en 1768, la pizza n'était pas encore le plat varié que l'on connait aujourd'hui. On commençait en fait tout juste à étudier la possibilité d'agrémenter sa pâte de divers ingrédients. Et, pour revenir à nos moutons, le jeune musicien, homme de goût, avait pris l'habitude d'exiger, dans les restaurants où il passait, qu'on ornât sa pizza de mozzarella.
La mozzarella entrait si peu souvent dans la composition traditionnelle du plat qu'il devint habituel que, reconnaissant le jeune prodige lorsqu'il franchissait les portes de leur établissement, les restaurateurs italiens s'écriassent : "mozzarella!" afin de prévenir le pizzaïolo qu'il allait lui falloir prévoir incontinent le rarissime ingrédient.

Johannes la préfère aussi sans olive

Or donc, l'habitude fut prise d'ainsi saluer l'arrivée de Johannes Chrysostomus Wolfgang Theophilus, à tel point même que l'on commença à le faire en dehors des établissements de restauration. A chacun de ses voyages en Italie, tout au long de son existence, on s'exclama "mozzarella" sans plus savoir quelle était l'origine de cette amusante habitude. Et comme cette histoire de pizza tomba bientôt aux oubliettes, la jeune génération entendit tout autre chose dans cette exclamation. On comprenait à présent : "Mozart est là !"
Et voilà donc comment une banale lubie gastronomique donna au plus grand compositeur de tous les temps le nom sur lequel les générations futures allaient bâtir tout un culte mélomane.
Oui, les facéties de l'Histoire sont nombreuses et nous aimons vous les narrer. Ainsi, la semaine prochaine, vous apprendrez comment un autre compositeur, un certain Ludwig, acquit son nom en fréquentant les abords des écoles de la bonne ville de Bonn, vêtu seulement d'un imperméable...



Syd Matters - It's A Nickname